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Échec et succès du récit de soi selon Sartre

Pierre-Jean Renaudie

Resumo


Les discussions entourant depuis une trentaine d’années le développement des conceptions narratives du soi ont tenté de préciser la nature du lien qui permet aux formes narratives du récit en première personne de rendre compte des articulations propres à la vie humaine. C’est très précisément ce lien que critiquait dans La nauséele personnage principal du roman de Jean-Paul Sartre, dans un passage où l’irréductibilité de l’expérience vécue en première personne lui sert d’argument pour décréter l’incapacité du récit à en rendre fidèlement compte. Richard Moran a récemment proposé une critique de la conception sartrienne de l’expérience vécue que met en avant ce passage, en montrant les limites de toute analyse qui reprocherait au récit son inadéquation à l’égard à la vie dont il prétend rendre compte. Cet article tente de répondre à cette critique en examinant les différentes modalités d’implication du narrateur dans son récit, et le traitement auquel cette question a donné lieu dans l’œuvre de Sartre. Cette analyse permet ainsi de mettre en valeur l’originalité de la critique sartrienne du récit de soi, qui, en faisant passer au premier plan le problème de la crédibilité du narrateur et du type de reconnaissance que le récit en première personne exige, confère un sens nouveau à son inadéquation.


Palavras-chave


récit; récit de soi; identité narrative; théorie littéraire; narrateur; phénoménologie de la littérature; Jean-Paul Sartre; Richard Moran; Stanley Cavell

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DOI: http://dx.doi.org/10.5380/dp.v20i1.89020